Réaction à l' anecdote du 25.02.2014 de Gameblog, basée sur une déclaration non vérifiée d' un représentant d' une des plus grosses boîtes de production de jeux vidéo... autrement dit, une rumeur. Mais une rumeur pleine de sens.

 

 

La chronique se base donc sur cette phrase du président d' activision de l' époque, Kotick qui a déclaré:

"Guitar Hero Aerosmith a généré beaucoup plus de revenus que n'importe quel album d'Aerosmith à ce jour"

 

Voici comment se termine l' anecdote du jour du 25.02.2014:

"il est certain que les jeux musicaux (...) permettent à certains groupes, anciens ou nouveaux de se faire connaitre par un large public.

 
À l'heure où les ventes de CD diminuent d'année en année, un petit coup de pouce du jeu vidéo pour relancer un groupe ne fait pas bien de mal." 
 
Analyse théorique express: le jeu vidéo musical est un bon outil marketing pour toucher le grand public et est aussi une source de revenu pour artistes en perte de vitesse. 
 
 
 
Cette conclusion et cette ouverture ne me laisse pas indifférent.
A deux niveaux.
 
D' abord rectifions les faits, ce genre de jeux n' apporte qu' aux groupes/artistes les plus visibles, qu' à ceux ayant déjà touché le grand public. Prenez les noms que l' on retrouve dans ces jeux Guitar Hero, ce sont des artistes connus ou reconnus.
Bien sur certains poids lourds y verront une source de revenus supplémentaires sous forme de produits dérivés, et libre à eux d' arrondir leurs fins de vacances, mais qui croyez vous que Kotick cherche à séduire avec sa phrase "Guitar Hero Aerosmith a généré beaucoup plus de revenus que n'importe quel album d'Aerosmith à ce jour"?
Les Majors.
Qui l' entendent de cette manière: "venez et laissez nous faire un jeu sur vos artistes pop(ulaires), on va s' en foutre plein les po-poches!". 
 
 
Donc, d' une, ce modèle économique à la Guitar Hero n' enrichit que des déjà-riches, ou ne popularise que des déjà-populaires, c' est un privilège pour privilégiés, donc aussi un moyen supplémentaire de mettre les plus modestes en retrait. Pourtant quand on est passionné, comme vous et moi, la seule richesse profitable venant de nos passions est celle de la diversité. N' est ce pas? 
J' ajouterait aussi qu' à l' heure de la mutation de l' industrie musicale actuelle, il serait judicieux de ne pas confondre intérêt des Majors et ceux des artistes. Etre spécialisé dans le jeu vidéo n' impose pas le simplisme.
 
 
Ca, c' était mon coté mélomane... maintenant place au ludomane. 
 
 
L' autre effet néfaste de la réalisation du souhait de Kotick est que cela placerait le jeu vidéo comme sous-fifre de cette industrie du disque. Ai-je besoin de rappeler que cette industrie dite "culturelle" est dominée par une vision essentiellement mercantile. Ce qui ne laisserait à l' industrie du Jeu vidéo qu' une marge de manoeuvre tout aussi mercantile.
Est-ce que c' est ce qu' on souhaite au jeu vidéo? Si j' étais actionnaire je répondrais inévitablement par un oui jouissif. 
Le suis-je? Non. Pire, je suis musicien et joueur. Pour moi les idées et les valeurs valent tout l' or du monde.
Définitivement non alors: non je ne souhaite pas ce rôle de pute de passage (entre deux groupies) pour le jeu vidéo.
 
 
Si le jeu vidéo doit être fier de ce qu' il est, ce ne sera certainement pas dans ce rôle.
 
 
Pour aller un peu plus loin je tiens à rappeler qu' effectivement le fait qu' un médium aussi populairement installé que le jeu vidéo mais à l' image si peu valorisante est dommageable, cependant il serait intelligent de réfléchir à ce que peut apporter ce médium à la société, en terme culturel ou idéologique plutôt que de se réjouir, dans un nombrilisme certain, d' une unique utilité capitaliste.
 
Autrement dit, NOUS avons aussi dans notre réflexion et dans l' expression de nos points de vues une responsabilité importante dans la création de l' image publique du médium jeu vidéo. Tâchons d' en prendre conscience et de lui rendre réellement hommage.